Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/325

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ne vous inquiétez pas ainsi, mon père, lui dit sa fille aînée, je partirai à votre place.

— Hélas ! ma pauvre enfant, lui répondit-il, cela n’est pas possible.

— Vous vous trompez, mon père, et vous verrez que, quand j’aurai revêtu votre équipement de guerre, je ferai un beau soldat et que personne ne se doutera que je suis fille.

Elle insista tant, que son père consentit à la laisser partir. Mais, dès qu’elle fut sortie de la cour, il prit son fusil et courut à travers champs l’attendre au bord d’une route où elle devait passer. Il voulait l’éprouver. Il se cacha derrière un buisson, et, quand il la vit venir, il tira sur elle, à poudre, en criant : — « La bourse ou la vie ! »

La fille tourna bride aussitôt, et courut à la maison, tout effrayée.

Son père y était rendu avant elle et lui dit :

— Qu’y a-t-il de nouveau, mon enfant ? Il me semble que tu n’es pas allée loin.

— J’ai été attaquée par une bande de voleurs, qui ont tiré sur moi, et j’ai été heureuse de pouvoir leur échapper.

— Quand je te disais, ma pauvre enfant, que tu n’irais pas loin ! Mais, je suis heureux de te voir revenue sans mal, et je partirai moi-même demain matin.