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Le troisième jour, ce fut le tour d’Aliette, qui n’avait encore que dix-sept ans. Son père l’éprouva comme les deux autres, en lui demandant la bourse ou la vie, comme un brigand ; mais, au lieu de s’en retourner, comme ses sœurs, elle poussa son cheval en avant, força le passage, et continua sa route jusqu’à Paris.

Elle se rendit immédiatement à la cour, et se présenta au roi comme le fils du seigneur de Keranrais, qui venait se mettre à sa disposition, comme page, ou pour aller à la guerre, comme il lui plairait.

Le roi en fut d’abord étonné et dit :

— Le seigneur de Keranrais m’a dit lui-même qu’il n’avait pas de fils, mais trois filles.

— Excusez-moi, sire, répondit Aliette, sans s’intimider, c’est sans doute une surprise que vous préparait mon père, en parlant ainsi, car je suis bien son fils.

Le roi fut satisfait de l’intelligence et de la bonne mine du jeune homme, et le plaça comme page auprès de la reine. Celle-ci ne tarda pas à devenir amoureuse de lui. Mais, comme le page répondait à ses avances par une indifférence complète, elle en fit une maladie et mourut.

Cependant, une des filles d’honneur de la reine s’étant trouvée enceinte, on en rejeta la faute sur le beau page breton. Le roi le fit venir en sa pré-