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Et ils partirent tous les deux avec le troupeau. Mais, à peine furent-ils entrés dans le bois, qu’ils virent venir le sanglier vers eux, et ils se hâtèrent de monter chacun sur un arbre. L’animal alla droit à l’arbre sur lequel était Robardic. Celui-ci, assis sur une branche, y mangeait tranquillement le morceau de pain qu’il avait emporté pour son dîner. Le sanglier tourna plusieurs fois autour de l’arbre, puis, levant son groin en l’air, et apercevant le pâtre, il lui dit :

— Si j’avais seulement un morceau, une miette du pain que tu manges là, je déracinerais l’arbre, et je te mangerais !

— Vraiment ? répondit Robardic ; eh bien ! mange cela, pour voir.

Et il jeta un morceau de pain au sanglier. Celui-ci l’avala, puis il se mit à fouir la terre et à creuser au pied de l’arbre, tant et si bien, qu’il l’abattit. Robardic ne riait plus, je vous prie de le croire, mais, il ne perdit pourtant pas la tête, et il appela, vite, le roi des animaux à son secours. Le lion arriva à l’instant, et il se précipita sur le vieux sanglier, et le mit en pièces.

Le seigneur qui, pendant tout ce temps, tremblait de tous ses membres, se rassura alors et descendit de son arbre. Puis, ils retournèrent ensemble au château. Robardic soupa, ce soir-là, avec son maître, qui le prit dès lors en affection.