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crêpes de blé noir, se décida à quitter son pays, pour aller chercher sa vie ailleurs.

Il partit donc, sans un sou vaillant dans sa poche, et prit la première route qui s’offrit à lui, ne sachant où elle le conduirait, et ne s’en inquiétant guère. Comme il suivait un étroit sentier, sur une grande lande, il rencontra une énorme fourmi, qui lui dit :

— Je vais te manger !

— Jésus ! répondit Robardic, étonné de l’entendre parler, vous ne ferez pas cela ; je n’ai jamais vu de fourmi aussi grande ni aussi belle que vous, et vous n’êtes certainement pas aussi méchante que vous voulez le faire croire. Vous êtes, sans doute, la reine des fourmis ?

— Continue ta route, Robardic, lui répondit la fourmi, et si jamais tu as besoin de secours, et tu en auras besoin, appelle la reine des fourmis, et j’arriverai aussitôt.

— Merci bien, répondit Robardic, et il continua sa route, enchanté de sa rencontre.

Un peu plus loin, comme il passait près d’un arbre, il vit une colombe perchée sur une branche basse, et elle lui dit aussi :

— Je vais te manger !

— Jésus ! ma jolie colombe, vous ne ferez pas cela : jamais je n’ai vu un aussi bel oiseau ; vous êtes certainement la reine des colombes.