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II


LES MORGANS DE L’ILE D’OUESSANT
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IL y avait autrefois (il y a bien longtemps, bien longtemps de cela, peut-être du temps où saint Pol vint du pays d’Hibernie dans notre île) ; il y avait donc à Ouessant une belle jeune fille de seize à dix-sept ans, qui s’appelait Mona Kerbili. Elle était si jolie, que tous ceux qui la voyaient en étaient frappés d’admiration et disaient à sa mère :

— Vous avez là une bien belle fille, Jeanne ! Elle est jolie comme une Morganès, et jamais on n’a vu sa pareille, dans l’île ; c’est à faire croire qu’elle a pour père un Morgan.

— Ne dites pas cela, répondait la bonne femme, car Dieu sait que son père est bien Fanch Kerbili, mon mari, tout comme je suis sa mère.

Le père de Mona était pêcheur et passait presque tout son temps en mer ; sa mère cultivait