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écuries le dromadaire du château des géants, et je vous en suis obligé. Si vous pouviez, à présent, me procurer leur escarboucle merveilleuse, vous feriez grand plaisir à ma fille et à moi aussi.

— Ah ! sire, répondit Bihanic, si vous saviez comme ce que vous me demandez là est difficile ! Mais, il n’est rien de si difficile que je ne sois résolu à tenter pour vous et la princesse votre fille. Donnez-moi deux mulets chargés d’or, et je partirai demain.

Le roi lui accorda ce qu’il demandait, et il se mit en route. Il passa encore par la maison où était son frère aîné, et y laissa, comme l’autre fois, tout son or et un de ses mulets. Il chargea sur le dos de l’autre un sac rempli de sel, et partit avec lui. Il arriva devant le château, un peu avant le coucher du soleil, et se tint caché dans le bois, en attendant que la nuit fût venue. Quand il jugea le moment opportun, il monta sur un grand chêne, qui touchait aux murs du château, puis, de l’arbre, il passa sur le toit et enfin sur le haut de la cheminée. Il avait enroulé autour de son corps l’extrémité d’une corde dont l’autre bout était attaché au sac de sel, resté en bas. Il tira alors le sac à lui, le déchargea dans la cheminée, et le sel alla tomber dans une grande marmite, qui était sur le feu, dans la cuisine, et où cuisait le souper des géants.