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— Comment va mon frère ? demanda-t-il.

— Il va assez bien, grâce à Dieu ! lui répondit-on ; bientôt il sera complètement rétabli.

Il laissa tout son or à son frère et aux bonnes gens qui avaient pris soin de lui, chargea son mulet d’eau-de-vie et de cassis, et continua sa route. Il arriva, vers le soir, au château des géants et y demanda à loger.

— Passez votre chemin, mon ami, lui répondit le portier, qui ne le reconnaissait pas ; ici on ne loge plus personne, depuis que Bihanic y a passé.

— Que vous a donc fait ce mauvais garnement de Bihanic ?

— Passez votre chemin, vous dis-je !

Et le portier, sans plus parlementer, allait fermer le guichet, quand Bihanic lui dit :

— Ecoutez donc un peu, l’ami ; j’ai ici toutes sortes de bonnes liqueurs ; buvons un coup et causons.

Et il lui présenta un verre d’eau-de-vie. Le portier l’avala d’un trait, puis un second, un troisième et maints autres. L’eau-de-vie épuisée, il traita de même le cassis. Enfin, il en but tant, qu’il se trouva bientôt ivre-mort. Alors, Bihanic entra facilement. Il courut tout droit à l’écurie, monta sur le dromadaire, partit et fut bien vite rendu à Paris.