Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

manquée, tu égorgeras la cuisinière, et tu recueilleras plein une bouteille de son sang[1]. Tu enfouiras cette bouteille pleine de sang dans du fumier chaud, puis tu chercheras, dans tout le pays, sept nourrices qui devront, pendant trois mois entiers, à tour de rôle, et sans jamais discontinuer un seul instant, répandre le lait de leurs seins sur le fumier, à l’endroit où sera enfouie la bouteille. Ce sera là ma dernière ressource, et si tu y faillis encore, je serai perdu à tout jamais, et toi-même tu me rejoindras, sans tarder. Si, au contraire, tu as le courage nécessaire pour mener l’épreuve à bonne fin, je me relèverai du cercueil, plus jeune, plus beau, plus vigoureux que jamais, et alors, je ne mourrai plus, je serai immortel ! Puis, je te rendrai aussi immortel, comme moi-même.

Le valet dit à son maître de se reposer sur lui, l’assurant qu’il aurait tout le courage nécessaire et qu’il ne faillirait pas.

Alors, le docteur métamorphosa sa femme en belette, son valet de chambre en crapaud, et la suivante de sa femme en vipère, afin de les em-

  1. Il doit y avoir ici une altération, car il paraît contraire à toutes les règles, même celles des contes, qui sont fort larges, que le docteur Coathalec pût ressusciter d’une bouteille remplie du sang de sa cuisinière ; il semble plus conforme à la logique que la bouteille fût remplie du sang du docteur lui-même.