Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Personne ne le reconnaissait.

— Il n’est pas encore mort, lui répondit-on, mais autant vaudrait qu’il le fût ; au moins il ne souffrirait pas comme il le fait ; c’est pitié de le voir. Tous les médecins, à dix lieues à la ronde, ont été appelés, mais ils ne savent rien contre son mal.

— Quelle est donc sa maladie ?

— Il a été mordu par une vipère.

— Laissez-moi approcher de lui ; peut-être pourrai-je lui apporter quelque soulagement,

— Un ignorant comme vous (il s’était habillé en paysan breton), lorsque les plus habiles docteurs n’y peuvent rien !

— N’importe ; demandez-lui de me le laisser voir.

On en parla au vieillard, qui ordonna de laisser entrer cet étranger, que personne ne connaissait. Le docteur trouva son père dans un bien triste état. Tout son corps était démesurément enflé ; il ressemblait à un tonneau.

— Voulez-vous permettre, Monseigneur, lui dit-il, de vous laisser transporter dans la cour du manoir, sur un matelas ?

— Transportez-moi où vous voudrez, répondit le vieillard ; je souffre tant, que je ne souffrirai jamais davantage, quoi qu’il puisse m’arriver.

Quatre valets l’enlevèrent, sur un matelas, et