Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/422

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je vous le répète, ne faites pas attention, c’est un mot qui me revient sans cesse, malgré moi ; ce n’est rien. Il rencontrera d’abord un fleuve large et profond et sur lequel il n’y a pas de pont ; mais, il n’aura qu’à couper, avec son couteau, une baguette de saule, dans une haie voisine, l’écorcher, la fourrer trois fois dans la haie, à l’endroit le plus épais, puis en frapper l’eau, trois fois, et frapper la terre en même temps du pied, et aussitôt un pont s’élèvera sur le fleuve. Qu’il passe vite, alors. Mais, il ne sera pas encore au bout de ses peines, pour être rendu de l’autre côté de l’eau.

— Que nous contes-tu donc là ? lui dit le chef.

— Mais, vous voyez bien que c’est la manière dont le prince et son bossu doivent s’y prendre pour aller au château de la princesse Ronkar : écoute bien, bossu !...

— Tu nous ennuies, avec ton bossu ; finis, vite, ton histoire.

— Après avoir traversé le fleuve, ils arriveront au pied d’une haute montagne d’un accès difficile, à cause des ronces et des épines qui en défendent partout l’approche. Mais, il trouvera là un grand galet rond, et s’il peut le soulever et le lancer contre la montagne, aussitôt un beau sentier s’offrira à sa vue, par lequel il pourra facilement monter jusqu’au sommet de la