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sitôt, comme s’il se fût réveillé d’un long sommeil, il reconnut la princesse et se rappela tout ce qui s’était passé.

— Holà ! s’écria-t-il alors, au lieu d’une femme, voici que j’en ai deux, à présent ! Mais, la première est toujours la meilleure et la plus près du cœur !

Et il donna la main à l’inconnue, au grand étonnement de tous les convives, et l’on alla de nouveau à l’église, où Cado fut marié une seconde fois, dans le même jour. Quant à la princesse Brunette, son frère Méliau l’épousa aussi, pour ne pas la laisser sans époux, dès le premier jour de ses noces.

Yvon aussi s’éprit d’amour pour la suivante de la princesse Blondine, et l’on fit les trois noces à la fois.

Et il y eut des festins magnifiques, des danses et des fêtes, pendant un mois entier. Moi-même, qui étais jeune alors, je m’y trouvais pour plumer les perdrix, les poulets et les canards, et jamais de ma vie je n’ai vu ni ne verrai pareille bombance.


Conté par Ann Drann, domestique à Coat-Tual, en
Plouguernevel (Côtes-du-Nord), novembre 1855.