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— Je n’ai qu’un regret.

— Lequel donc ? demanda la Princesse.

— C’est de ne pas voir ici, au milieu de nous, ma fidèle cavale blanche, qui m’a conseillé et accompagné, dans toutes mes épreuves.

Aussitôt, on vit paraître dans la salle, — personne ne sut comment, — une femme d’une beauté extraordinaire, bien plus belle que la Princesse au Château d’Or, qui était pourtant bien belle, et elle prononça ces paroles :

— C’est moi qui t’ai accompagné, Trégont-à-Baris, sous la forme d’une cavale blanche, dans tes travaux et tes épreuves ; je suis la Vierge Marie, envoyée pour te protéger par le Seigneur Dieu, celui qui te recueillit dans une douve, au bord du chemin où tu avais été abandonné.

Avant ainsi parlé, elle disparut encore, on ne sut comment.

Et mon conte est fini.


Conté par Francesa ann Ewenn, femme Trégoat,
de Pedernec, 1S69.


L’intervention de Jésus-Christ et de la Sainte-Vierge, au début et à la fin du conte, dans une fable toute païenne, doit être d’introduction relativement moderne. Le même cas se présente fréquemment, dans nos contes bretons, et aussi dans ceux des autres nations ; je crois inutile de le signaler, à chaque fois que je le rencontrerais désormais.