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FRANÇOIS-MARIE LUZEL


Notice.


« Le véritable titre littéraire de la Bretagne, écrit M. Loth, doyen de la Faculté des lettres de Rennes, c’est sa merveilleuse collection, de jour en jour plus considérable, de légendes et de chants populaires. » Si cette collection a échappé presque entière au grand naufrage qui menace toute forme de littérature non fixée, c’est principalement à M. Luzel qu’on en est redevable.

François-Marie Luzel naquit à Plouaret, petit chef-lieu de canton des Côtes-du-Nord, dans le courant de l’année 1821. Sa famille, originaire du Finistère, avait acquis le manoir de Keramborgne dont elle exploitait elle-mème les vastes dépendances. Ce fut là son berceau. Il y passa toute son enfance dans la compagnie, qui devait à jamais lui rester chère, des laboureurs, des bouviers et des pâtres. À diverses reprises, dans les préfaces de ses livres ou dans ses rapports au Ministère de l’Instruction publique, il s’est plu à retracer le tableau de ces jours lointains, à faire revivre ce milieu rustique, les longues veillées d’hiver autour du foyer flambant, les graves entretiens, les propos facétieux, l’apparition soudaine, signalée par les abois du chien de garde, de quelque mendiant nomade, conteur de légendes ou chanteur de chansons. La première école où il fréquenta fut celle du bourg, où il eut pour condisciple, pour compagnon de travail et d’escapades, le peintre Yan Dargent, destiné à devenir, lui aussi, une des illustrations les plus sympathiques de la Bretagne.

C’est principalement sur ces premières années qu’il importera d’insister, quand on se mêlera d’écrire sur Luzel une étude complète et définitive. Le jour où, sur les conseils de son oncle, M. Le Huérou, le savant auteur des Institutions Mérovingiennes, il quitta Keramborgne pour entrer comme élève interne au Collège royal de Rennes, il avait en lui le germe de sa vocation. Les divers apprentissages qu’il fit par la suite contrarièrent sans doute quelque temps, mais en le renforçant peut-être d’autant plus, l’instinct secret qui l’entraînait vers sa vraie voie. Ses parents désiraient qu’il fût médecin. Il étudia d’abord à Brest, puis il se rendit à Paris. Les petits cénacles littéraires de l’époque l’attirèrent bientôt plus que les amphithéâtres et les salles de dissection. Il fut admis dans le commerce de Théophile Gautier, de Maxime Du Camp, de Mürger, de Baudelaire. Il assista aux plus subtiles dis-

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