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dément qu’il n’entendit rien. La chambre était éclairée. Allanic vit la cage d’or au-dessus du front de Goulaffre. Il posa un de ses pieds sur le rebord du lit, l’autre contre le mur, et d’un coup de ses ciseaux il coupa une chaîne d’or, reinn ! Le géant ne bougea pas. Puis il coupa une seconde chaîne, reinn ! Le géant fit un mouvement. Puis une troisième : reinn ! Le géant se retourna dans son lit, mais ne se réveilla pas. Enfin la quatrième chaîne fut coupée, reinn ! Mais hélas ! la cage tomba sur la figure de Goulaffre et le réveilla. Il saisit Allanic par le milieu du corps, il le reconnut et s’écria :

— Ah ! c’est donc toi, petit monstre ! pour cette fois tu ne m’échapperas pas, et ton affaire est claire ; Je le mangerai à mon déjeuner, ce matin même.

— Hélas ! je vois bien que je n’ai plus aucun espoir et que c’en est fait de moi. Je reconnais, du reste, que j’ai mérité mon sort, par tout le mal que je vous ai fait. Mais à quelle sauce comptez-vous me manger, Je vous prie ?

— À la broche ; et je te mettrai tout vivant au feu !

— Je vois bien que vous ne connaissez rien en fait de bonne cuisine ; faites comme je vais vous dire, et vous aurez le mets le plus délicieux dont vous ayez jamais mangé.

— Voyons cela, parle.

— Mettez-moi dans un sac, puis allez au bois, déracinez un arbre de moyenne grandeur et venez me battre avec le tronc de cette arbre, jusqu’à ce que je sois réduit en bouillie dans mon sac. Alors vous met-