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— Ah ! quel brigand, quel monstre que ce Goulaffre ! et qu’il m’a fait de mal ! il m’a volé ma demi-lune, une merveille incomparable, et ma cage d’or qui faisait mon bonheur ! Ah ! si je pouvais me venger sur lui et recouvrer ma demi-lune et ma cage d’or ! Mais puisque vous avez déjà été chez lui et que vous en êtes revenu sans mal, vous pourriez bien y retourner.

— Ah ! sire, si vous saviez quel monstre terrible est ce géant ! il me mangerait, sûrement, si je retournais chez lui.

— Vous y avez été déjà, et vous avez rapporté ses bottes de sept lieues ; il faut que vous y retourniez et que vous me rapportiez ma demi-lune, ou vous serez brûlé vif.

— Être brûlé vif ici, ou être mangé par Goulaffre, il m’importe assez peu, et puisqu’il en est ainsi, je tenterai l’aventure.

Allanic partit donc, et comme il connaissait le chemin et qu’il avait ses bottes de sept lieues, il arriva facilement devant le château du géant. Des couvreurs réparaient les toits. Il se cacha dans le bois, pour attendre la nuit. Vers dix heures, comme il faisait bien sombre, la demi-lune fut arborée sur la plus haute tour, et aussitôt tout s’éclaira à plusieurs lieues à la ronde.

Les couvreurs, en se retirant le soir, avaient laissé leurs échelles contre les murs du château. Vers minuit, Allanic sortit du bois, et, au moyen de ces échelles, il monta sur la plateforme de la tour, enleva la demi-lune, la mit dans un sac qu’il avait emporté, et partit sans