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DICTATURE
Cette nouvelle édition, douze ans après la première, réclame une nouvelle préface. Les événements que nous avons vécus depuis 1934, date de la première édition, corroborent dans leur ensemble la thèse centrale exposée par Rosa Luxembourg et selon laquelle léninisme et réformisme[1], si opposés qu’ils paraissent l’un à l’autre, ont cette tendance commune à traiter les travailleurs comme de la pâte à pétrir. L’un et l’autre conduisent à la dictature d’un « chef » investi d’un pouvoir discrétionnaire et imposant à la masse sa volonté absolue, en un mot à ce qu’on appelle aujourd’hui le totalitarisme. Rosa Luxembourg en a discerné les germes voici plus de quarante ans, et c’est au nom du marxisme qu’elle dénonce ces aberrations si foncièrement contraires à l’esprit socialiste.
- ↑ À l’heure actuelle, le terme de « réformisme » prête tellement à confusion que nous croyons utile de le définir. Le socialisme scientifique désigne par réformisme le système d’idées défendu à la fin du siècle par le social-démocrate Édouard Bernstein et selon lequel le capitalisme se transformera automatiquement en un régime social et économique nouveau grâce à l’accumulation graduelle et insensible de réformes à la petite semaine. Cette idée implique l’abandon du but socialiste et de ce que nous appelons aujourd’hui « réformes de structure ». Si le mouvement socialiste adoptait les idées de