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— Quelle horrible fin ! Et, ce qui m’exaspère, ce sont les sottises que j’entends dire sur Maupassant.

— Il s’en serait moqué.

— Ses amis ne peuvent pas s’en moquer. Il est triste de voir des gens assez dénués de délicatesse pour travestir le caractère de l’homme qui leur a ouvert sa porte avec une bienveillance généreuse. Surprendre les secrets n’est déjà pas bien joli, mais mentir jésuitiquement en s’ abritant derrière un prétendu respect de la vérité, cela est tout bonnement odieux. Dernièrement un de ces « aimables et chers confrères » a écrit un article sur Maupassant, dans un journal du matin. Il a présenté notre ami comme un être maladivement entaché de snobisme et grisé par la fréquentation des Altesses. C’est là une traîtrise et un mensonge ; Guy a pu se complaire un instant à une sorte de recherche délicate de la vie ; qui de nous n’a pas eu cette heure de faiblesse ? Tout le secret n’en tient-il pas dans le désir de plaire ? Cette soif de luxe, c’était la passion de la fémininité qui l’avait fait naître chez Maupassant. La meilleure preuve que je puisse vous en donner, la voici : lisez ce passage de ce que Pierre[1] appelle pompeusement « les mémoires de maman ».

La Malaribba, mars 1886.

Visite de Guy.

Il travaille. Il fait une histoire de passion très exaltée, très ardente et très poétique[2]. Ça le

  1. Pierre Lecomte du Nouy, le jeune fils de l’auteur. [A. L.]
  2. « Mont-Oriol ».