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de Grandeur et décadence des Romains est tout entière dans Cinna, dans Sertorius, dans Othon, dans Nicomède. Un de ses plus beaux essais : l’Action des hommes sur leur destinée, est comme le développement de tant de vers écrits par Corneille pour l’exaltation de la volonté. Les Normands ont le sens de l’histoire, sans doute pour en avoir beaucoup fait par le monde. Mézeray et Saint-Évremond, Normands l’un et l’autre, le possédaient à un degré rare en leur siècle, et Corneille plus qu’eux encore. Albert Sorel est bien de cette race.

« Albert Sorel ne devant point parler aujourd’hui, quel autre académicien normand, ou presque, prendra donc la parole à son tour ? - José-Maria de Heredia, de souche espagnole, il est vrai, par son ascendance paternelle, mais, ce qu’on ne sait point assez, Normand et vieux Normand par sa famille maternelle, lui, l’arrière-petit-fils de Gérard d’Onville, Président à mortier au Parlement de Normandie. Les conquérants de l’Angleterre et de la Sicile valaient bien les conquistadores du Mexique et du Pérou ; et c’est peut-être grâce à ceux-là, non moins qu’à ceux-ci, que Heredia semble avoir vécu magnifiquement à travers les siècles pour y cueillir ces Trophées où, avec l’âme des vieux âges, il a fixé toute la pompe et l’allégresse de son inspiration héroïque. On dirait qu’en lui s’est comme confirmée, par le sang, cette singulière affinité du génie normand et du génie espagnol, dont au dix-septième siècle, notre histoire littéraire a donné déjà tant de preuves. Saint-Amand, un Rouennais, a, dans ses meilleurs vers, l’invention bouffonne et la verve drue des picaresques ; Bense-