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Voici la deuxième lettre, la dernière peut-être écrite par Guy à sa mère. Elle est sans date, mais l’enveloppe porte trois timbres que le fidèle ami de Madame Laure de Maupassant, Monsieur Balestre, n’a su déchiffrer d’une façon sûre. Avec un peu de patience et en me servant de la loupe, j’en suis venu à bout. Le timbre de départ est : Divonne (Ain), 4e distribution, 27 juin 91 ; celui d’arrivée est : Nice (Alpes Maritimes), 3e distribution, 29 juin 91.

L’écriture est changée ; le mot reviendrai, au début, ne voulait pas sortir de la plume : Maupassant a écrit revierai, puis il a effacé cela et a écrit le mot exact. Au commencement, après avoir daté, en haut de la page, Divonne, il avait écrit cette phrase : Quelques mots seulement, mais je ne vais pas loin ; en relisant, il a vu que la clarté manquait, et a arrangé sa lettre en y ajoutant une ligue au début. Enfin il avait écrit touches pour douches, lide pour lire, et excellente idéee. Je note ces détails car ils révèlent les progrès de la maladie. Au fait, voici la lettre :

Divonne.

Je veux te dire que je quitte Divonne en quelques mots seulement, ma bien chère Mère, mais je ne vais pas loin et j’y reviendrai sans doute. Ma maison est exposée, comme l’établissement d’ailleurs, à tous les vents du lac et de tous les glaciers. Nous voici dans les averses et les souffles gelés des neiges qui m’ont redonné des tas d’accidents surtout à la tête. Mais les douches m’ont extraordinairement engraissé et musclé.