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Documents inédits

rête, je ne veux rieu vous conter aujourd’hui ni de ce temps passé en Italie à l’époque des lucioles, ni de notre voyage en Sicile ; nous reparlerons de cela plus tard.

Mme Lecomte. — Quelle force ont les hommes sur, eux-mêmes ! Je ne saurais arrêter ainsi le flux de mes souvenirs. Quand ils crépitent dans ma tête, quand ils débordent de mon cœur, ma bouche les chante à toute voix, sans réserve. Parlez-moi encore de Maupassant ; est-il venu aux Bouleaux ?

Amic. — Jamais, bien que je l’en aie souvent prié. Il me dit à ma dernière invitation : « Pardon, mon ami, si je n’accepte pas en ce moment ; ce n’est pas ma faute, vous auriez tort de m’en vouloir. Mon premier mois de chasse est toujours pris par six ouvertures successives en Normandie, et il m’est impossible de changer l’ordre de ces chasses obligatoires. Mais j’espère bien aller vous voir aux Bouleaux dès mon retour à Paris ». [Cette conversation attribuée à Maupassant n’est que la copie d’un passage de la lettre que je viens de publier ici ! ]. Quand il revint de Normandie je l’interrogeai sur la façon dont il avait passé son mois d’août :

« — J’ai fait d’admirables excursions eu Auvergne, c’est vraiment un pays superbe, me répliqua-t-il, et d’une impression bien particulière que je vais essayer de rendre dans le roman que je commence.

« Ce roman devait être Mont-Oriol. Le même jour Guy m’apprit le voyage du vicomte de Sérionne :

« — Vous savez, Amic, que c’est grâce à nous qu’il se marie ? Il épouse sa cousine chez qui nous l’avions laissé à Catane. Vous ne vous attendiez guère à ce résultat de votre voyage en Sicile » ?

« Et narquoisement il ajouta :

« — Voulez-vous fonder une agence ? [ Tout ce dialogue est encore un emprunt à la même lettre de Maupassant].

« À présent, mon amie, si vous tenez à savoir l’histoire