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d’où l’on domine tout le parc, qui se déploie en pente douce vers le fleuve. La rue Berton est à gauche.

En descendant, nous admirons le travail de la rampe, du même style que la grille et également en fer forgé.

Maintenant nous promenons sur une terrasse finement sablée. À notre droite, un mur nous sépare de la dépendance où Maupassant est mort. La porte est fermée à clef. Le docteur lui-même ne peut entrer ; il sonne, et un deuxième cerbère vient chaque fois, avec son trousseau de clefs, ouvrir aux visiteurs. Pour aller du bâtiment principal à la dépendance, on longe le préau des folles ; on les entrevoit à travers les fissures d’une palissade. Quelques cris arrivent jusqu’à nous. Tout cela est navrant. C’est plus morne qu’une prison. Le sourire intéressé du docteur ne parvient pas à nous dérider. C’est son côté le plus triste que l’humanité nous montre là. On se demande si tout ce que nous admirons dans ces gardiens fidèles et dévoués de la folie est de la philanthropie ou de la spéculation, et si tous ces fous ne sont pas enfermés là par une famille peu soucieuse de se charger de la garde d’un malade et d’affronter les émotions que donne le voisinage d’un exalté ou d’un nerveux[1]. Du parc, nous regardons encore la maison ou

  1. On connaît la belle bataille d’un aliéniste, le docteur Toulouse, contre certains cas d’internement dans les Maisons d’aliénés, livrée dans le Journal des Débats de 1900-1901. Mais tant qu’il y aura des Lombroso et des Mingazzini, à quoi donc cette campagne peut-elle aboutir ?