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au lit de mort de ce fils qui avait été, nous venons de le dire, l’orgueil et la joie de sa vie. Elle ne s’en est jamais consolée.

Sur ce triste sujet, Mme de Maupassant a toujours hésité à divulguer ces intimes détails : elle pensait à sa petite-fille, la fille d’Hervé de Maupassant, et elle redoutait, en l’avenir, l’effet que cette foudroyante révélation pourrait produire sur cette enfant. Hélas ! Mme Lecomte du Nouy n’a pas pensé que ces appréhensions fussent de mise, elle a déchiré le voile sur ces douloureuses confidences mises avec confiance par Mme de Maupassant entre ses mains, elle a oublié les scrupules de la mère et de l’aïeule. En écrivant, l’auteur d’Amitié amoureuse n’a pas pensé à cette pauvre enfant[1]. Après l’apparition en librairie du livre En regardant passer la vie..., il n’y a plus aucune raison de garder le mystère. Et bien avant Mme du Nouy et M. Amic, le Journal des Goncourt avait raconté tout au long ce que Joseph Primoli, Albert Cahen d’Anvers, Auguste Dorchain et tant d’autres avaient tenu secret avec un pieux respect pour la mémoire de leur malheureux ami !

Entre la tentative de suicide et la réclusion dans

  1. Cette réserve de Mme de Maupassant était inspirée par la crainte qu’elle éprouvait toujours en présence de ces publications : elle redoutait que sa petite-fille pourrait penser un jour que le mal qui a emporté son oncle fût héréditaire. C’est cette idée d’hérédité qu’elle ne voulait pas voir éveillée. Du reste, ce serait une idée absurde. Nous verrons plus loin que l’hérédité n’entre pour rien dans la mort de Maupassant. Quant aux faits, ils sont tellement connus qu’il est inutile d’en dissimuler un détail quelconque.