Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nice, et a prié Guy de la protéger pour lui faire obtenir un petit emploi.

« Comme Maupassant l’interrogeait avec beaucoup d’intérêt, elle se mit à parler avec confiance, lui conta sa vie et sa profonde misère, son abominable misère.

« Il lui offrit de l’argent qu’elle refusa ; alors elle dit : « Avez-vous une amie assez intime pour lui donner un bracelet que j’ai porté, en lui disant d’où il vient, sans me nommer, bien entendu, et en lui répétant surtout qu’il a appartenu à une honnête femme, à une très malheureuse et très honnête femme ? Dans ce cas, je veux bien vous vendre ma gourmette en or ».

« Guy a acheté cette gourmette à laquelle la pauvre femme voulut ajouter un très vilain petit médaillon, et il m’a envoyé le tout, pensant que cela ne me déplairait pas ».


La preuve est faite. Il est inutile d’en lire davantage. J’ai des centaines de lettres de Guy qui attestent à la fois la bonté de sa nature, l’extrême loyauté de son esprit et la charmante simplicité de son cœur. Mais revenons à la question qui nous occupe, à l’hérédité.

— C’est une étrange loi, vous le voyez, mon amie : ici elle est visible, là mystérieuse. Souvent les frères ne se ressemblent ni physiquement, ni moralement. Nés des mêmes parents, élevés dans des conditions identiques, ils ont des penchants différents.

— D’où vient cette différence des natures ?

— Des influences ancestrales, et peut-être aussi des influences astrologiques »...