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IV
PRÉFACE

successeurs immédiats le moindre document certain sur sa personne et sa vie. Ils l’admirent, ils l’imitent, ils le désignent, sans le nommer. Pour fixer approximativement la date de sa naissance et celle de sa mort, il faut recourir à des compilateurs ou à des polémistes chrétiens, Eusèbe de Césarée, Jérôme, sources plus que suspectes, où l’on ne doit puiser qu’avec réserve.

Lucrèce, Titus Lucretius Carus, naquit à Rome vers 90 ou 95 avant notre ère, et mourut jeune encore, vers l’an 50 ou 51. Si l’on ajoute qu’il était d’une famille équestre, dont plusieurs membres ont été honorés de fonctions publiques, et qu’il vécut dans l’intimité d’une maison patricienne, les Memmius, on aura réuni en peu de lignes tout ce que l’histoire sait de lui.

Les biographes, à court, se sont naturellement, comme eût fait le Simonide de la Fontaine, rejetés sur ce Memmius Gemellus, auquel est dédié le De Natura, et dont la destinée n’a pas été étrangère à quelques-unes des plus belles inspirations du poëte. À la fois homme politique, orateur et lettré, Memmius débuta par une préture en Bithynie. Il partit pour la province en compagnie d’un poëte et d’un grammairien qui n’étaient pas les premiers venus, Catulle et Curtius Nicias. À son retour, il eut à triompher d’une accusation intentée par César, et parut avec éclat dans plusieurs procès, contre Gabinius, contre Rabirius Posthumus que défendait Cicéron lui-même, enfin contre le grand Lucullus, dont il