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tres. Impur Lucius, est-ce que tes richesses t’ont quitté ? Est-ce que la famine fait claquer tes mâchelières ? Oui, je te verrai n’ayant plus rien que des frères paresseux, ayant Jupiter contre toi, (5, 39) le ventre pourfendu, et les jambes cagneuses de ton oncle le herniaire.


VI.
À VÉNUS.

(6, 1) Si j’ai le bonheur de fournir la carrière que je cours, ô déesse qui habites Pathos et les bosquets d’Idalie ; si, porté sur les ailes de la poésie, mon Troyen Énée vole enfin avec toi de ville en ville à travers l’empire romain ; je ne me contenterai pas de décorer ton temple d’encens et de tableaux, et de porter d’une main pure à tes autels quelques guirlandes : un bélier aux belles cornes sera ma moindre offrande ; et avec lui un taureau, victime énorme, teindra de son sang les foyers sacrés. Pour toi se dressera un Amour de marbre, étalant ses ailes aux mille couleurs, et son carquois bariolé. (6, 11) Viens, ô Cythérée ! descends de l’Olympe ; ton César t’appelle, et la plage de Sorrente.


VII.
VIRGILE DIT ADIEU À TOUS SES TRAVAUX LITTÉRAIRES, POUR EMBRASSER LA PHILOSOPHIE ÉPICURIENNE.

(7, 1) Loin d’ici, inutiles bataillons de rhéteurs ; loin d’ici, cohue qu’engraisse non la pure rosée de l’Attique, vous, Silus, Albutius, Arquitius, Varron, épais scolastiques, nation empâtée ! loin d’ici, cymbales de la jeunesse vaine ! Et toi, de mes soucis le plus cher, adieu, Sextus Sabinus ; amis charmants, adieu. Je déploie ma voile vers un port fortuné ; je vais entendre l’éloquente parole du grand Syron, (7, 10) et je vais affranchir ma vie de toute inquiétude. Partez aussi, vous, Muses ; partez, vous si douces au jeune âge ; car, je dis vrai, douces vous me fûtes. Et pourtant rendez visite à mes tablettes ; mais discrètement, de loin en loin.


VIII.
SUR SABINUS, PARODIE DE CATULLE.

(8, 1) Le Sabinus que vous voyez, mes hôtes, était, il s’en vante lui-même, le muletier le plus expéditif ; et jamais chariot au vol impétueux n’a pu le passer, qu’il fût besoin de voler à Mantoue ou à Brescia. Il n’est démenti, nous jure-t-il, ni par la fameuse maison Tryphon, ni par l’hôtel Cérule, où il débuta, le Sabinus d’aujourd’hui, dans les écuries de Quinctius, la main armée du fer à deux dents, (8, 10) par rogner la longue crinière des chevaux, de peur qu’un poil sale et rude n’écorchât leur cou, sans cesse froissé par le joug. Ô froide Crémone, ô Gaule fangeuse, vous avez su, vous savez tout cela parfaitement : Sabinus l’affirme ! Il dit que de père