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quel endroit de la terre l’espace du ciel n’a pas plus de trois coudées d’étendue.

MÉNALQUE.

Dis dans quelle contrée naissent des fleurs sur lesquelles sont écrits des noms de rois ; et Phyllis est à toi, à toi seul.

PALÉMON.

Il ne m’appartient pas de prononcer entre vous dans une si grande lutte. Lui et toi vous avez mérité une génisse, vous et tout berger qui chantera les redoutables douceurs ou les amers soucis de l’amour. (3, 111) Fermez la source, enfants ; les prairies sont abreuvées.






ÉCLOGUE IV.
POLLION.

(4, 1) Muses de Sicile, élevons un peu nos chants. Les buissons ne plaisent pas à tous, non plus que les humbles bruyères. Si nous chantons les forêts, que les forêts soient dignes d’un consul. Il s’avance enfin, le dernier âge prédit par la Sibylle : je vois éclore un grand ordre de siècles renaissants. Déjà la vierge Astrée revient sur la terre, et avec elle le règne de Saturne ; déjà descend des cieux une nouvelle race de mortels. Souris, chaste Lucine, à cet enfant naissant ; avec lui d’abord cessera l’âge de fer, et à la face du monde entier s’élèvera l’âge d’or : déjà règne ton Apollon. (4, 11) Et toi, Pollion, ton consulat ouvrira cette ère glorieuse, et tu verras ces grands mois commencer leur cours. Par toi seront effacées, s’il en reste encore, les traces de nos crimes, et la terre sera pour jamais délivrée de sa trop longue épouvante. Cet enfant jouira de la vie des dieux ; il verra les héros mêlés aux dieux ; lui-même il sera vu dans leur troupe immortelle, et il régira l’univers, pacifié par les vertus de son père. Pour toi, aimable enfant, la terre la première, féconde sans culture, prodiguera ses dons charmants, çà et là le lierre errant, le baccar (4, 20) et le colocase mêlé aux riantes touffes d’acanthe. Les chèvres retourneront d’elles-mêmes au bercail, les mamelles gonflées de lait ; et les troupeaux ne craindront plus les redoutables lions : les fleurs vont éclore d’elles-mêmes autour de ton berceau, le serpent va mourir ; plus d’herbe envenimée qui trompe la main ; partout naîtra l’amome d’Assyrie. Mais aussitôt que tu pourras lire les annales glorieuses des héros et les hauts faits de ton père, et savoir ce que c’est que la vraie vertu, on verra peu à peu les tendres épis jaunir la plaine, le raisin vermeil pendre aux ronces incultes, (4, 30) et de la dure écorce des chênes le miel dégoutter en suave rosée. Cependant il restera quelques traces de la perversité des anciens jours : les navires iront encore braver Thétis dans son empire ; des murs ceindront les villes ; le soc fendra le sein de la terre. Il y aura un autre Typhis, un autre Argo portant une élite de héros : il y aura même d’autres combats ; un autre Achille sera encore envoyé contre un nouvel Ilion. Mais sitôt que les ans auront mûri ta vigueur