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la Salpêtrière avant de partir pour la Suisse. Il était plein de force et d’énergie. Nul n’aurait pu prévoir qu’il était si près du tombeau. Il est vrai que l’impitoyable maladie tenait depuis longtemps sa victime entre ses griffes et, les resserrant de temps en temps, se faisait sentir. Ainsi l’hiver dernier, elle avait provoqué un évanouissement profond arrivé pendant l’une des leçons de M. Charcot, leçon qui fut nécessairement interrompue à la grande consternation des auditeurs. Désireux de rassurer ses élèves, le professeur assura que l’accident était dû à un poêle trop chauffé, et le lendemain même il s’occupait à la Salpêtrière avec son énergie habituelle.

Revenu de la Suisse au commencement d’août, j’allais le lendemain même de bonne heure à Neuilly prier M. Charcot de venir chez une malade russe. En arrivant vers neuf heures du matin à sa villa je vis une voiture à la porte et les domestiques affairés, occupés de préparatifs de voyage. Sur ma demande, l’un d’eux que je connaissais depuis longtemps, me répondit que M. le professeur Charcot était indisposé depuis quelque temps et allait faire un voyage. Quoique venu si mal à propos, je me fis cependant annoncer. Une minute après M. Charcot venait à moi. Sa figure portait les traces de son indisposition. Souriant avec sa bonhomie habituelle, il me demanda la raison d’une visite aussi matinale. Je la lui donnai en le priant de venir visiter ma malade, ce qui le plongea dans une perplexité visible. Il me répondit : « Je n’ai pas été bien