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géants de Frédéric le Grand trempés dans les batailles ». Il a remplacé le démon biblique implanté dans notre intelligence par une formule psychique déterminée de la neuropathologie moderne.

M. Charcot terminait ses cours du mardi par l’examen des malades qu’on lui amenait pour la première fois de l’ambulance clinique à la salle des conférences. Ses internes achevaient en ce moment la visite journalière et choisissaient seulement les malades dont le diagnostic présentait une difficulté particulière. M. Charcot devait le donner immédiatement, ce que les Allemands appellent : « Augenblicksdiagnosen ». C’est là, devant les formes compliquées et masquées des maladies nerveuses qu’éclataient la rapidité de son coup d’œil et la justesse de son jugement.

Sa connaissance approfondie de chaque symptôme pris à part et de l’importance particulière que présente un groupement simultané lui permettait de reconnaître le mal à ses premiers débuts comme dans les cas frustes qui échappaient au diagnostic des autres spécialistes. Voici dans cette catégorie un cas bien frappant : Dans les commencements de sa carrière M. Charcot fut appelé en consultation auprès d’une respectable dame privée depuis quelques années de l’usage de ses jambes. Après avoir constaté deux ou trois symptômes caractéristiques, M. Charcot dit à son collègue que c’était la paralysie alcoolique, c’est-à-dire celle qui résulte d’un abus prolongé des spiritueux. Ce diagnostic étonna profondément le médecin traitant, qui connais-