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avec les maladies nerveuses. Il employait ces mots-là dès le commencement de sa carrière et un grand nombre de ses spirituels adages sont devenus monnaie courante et tombés dans le domaine public. Que de sens pratique et d’habileté montrait-il dans la définition des maladies héréditaires lorsqu’il avait affaire à des cas compliqués et frustes où la vérité était parfois dissimulée et déguisée à plaisir !

Il se trouvait quelquefois qu’une malade arrivait chez lui accompagnée de sa mère et de quelque membre de la famille de son mari. Après avoir interrogé sur la marche de la maladie, M. Charcot demandait s’il n’y avait point eu de cas pareil dans la parenté immédiate et recevait pour la plupart du temps une réponse négative. La malade ou sa mère attribuait l’origine du mal à des causes fortuites, ou bien au fatalisme, comme s’exprimait M. Charcot, ce fatalisme auquel l’homme se plaît à rapporter tout ce qui lui arrive, c’est-à-dire une circonstance imprévue, une épreuve morale, un accident, un refroidissement, etc. « Il est impossible de se procurer ainsi les renseignements nécessaires à la définition de la maladie, » disait-il à ses auditeurs.

Écartant de son cabinet ou de la salle des conférences la malade et sa mère et restant seul avec le membre de la famille du mari, il lui demandait si dans celle de la malade il n’y avait point quelqu’un atteint d’idées noires. Et il recevait souvent l’information qu’un ou même plusieurs d’entre eux avaient