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sances spéciales les plus vastes il joignait une pénétration particulière du coup d’œil, la correction du jugement et un grand tact pratique.

Ce qui caractérise particulièrement son activité pratique c’est pour ainsi dire l’abondance du sens commun dont il était éminemment pourvu et qui chez lui était la qualité dominante. Il exhortait toujours ses élèves avant toute autre chose à se laisser guider par le bon sens autant que par les lumières acquises. Lorsque ses nombreux admirateurs, étonnés par tout ce qu’il avait fait pour la science et le bien de l’humanité, l’interrogeaient à ce sujet : « C’est avec un peu de bon sens qu’on peut faire tout cela, » répondait-il simplement.

Entre camarades, dans les conversations intimes des médecins russes, on l’appelait « oumnitza », c’est-à-dire homme d’esprit. Souvent à propos d’une consultation ou d’une dispute à l’Académie ou à la Faculté : « Et M. Charcot ? demandait l’un. — M. Charcot, répondait-on habituellement, s’est montré « oumnitza » comme toujours. »

Ces paroles, sous cette forme condensée, exprimaient la reconnaissance chez lui d’un grand sens commun. Un autre trait particulier et dominant de M. Charcot c’était sa faculté de saisir le fond de la question et l’essence de l’affaire, de rattraper le fil reliant des faits complexes et de les caractériser en deux mots, « Ce sont deux sœurs de la même famille, » disait-il ainsi de la goutte et du diabète, en examinant leurs rapports