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qui fait tenir le but de la vie dans le bien individuel, 2° la forme collective, qui veut que la personnalité vive pour le bien commun (famille, race, état), et 3º la forme chrétienne ou divine, qui consiste dans l’existence « pour la volonté de Dieu[1] ».

Chaque religion a pour base une de ces définitions. Tolstoï croit que l’humanité entre maintenant dans la dernière période, véritablement chrétienne, où le sens de la vie se traduit par « servir la volonté divine ». Les germes de cette religion, il les trouve chez les Pythagoriciens, les Esséniens, les Égyptiens, les Perses, les Juifs, les Bramins et les Bouddhistes.

Tout être doit professer une des trois formes de croyances déjà citées : « l’homme sans religion est inadmissible, comme l’homme sans cœur ».

Ce n’est pas la science qui détermine les rapports de l’homme avec l’univers, c’est le rôle de la religion ; la science même exige la compréhension religieuse de la vie, comme point de départ pour son travail. Chaque religion porte son étude sur un nombre déterminé de sujets. C’est pourquoi la science de chaque époque contient un caractère de la religion contemporaine.

  1. Dans ces trois formes de croyances et de morale de Tolstoï, je serais tenté de reconnaître les trois phases de son propre développement, l’évolution de sa propre pensée, de sa propre philosophie ; je serais tenté d’y voir les trois étapes qui l’ont amené à son enseignement actuel : 1º la jeunesse ; 2º l’âge viril et 3º la vieillesse de notre auteur.

    M. P. Maffre, dans sa thèse « le Tolstoïsme et le Christianisme » soutenue publiquement devant la faculté de théologie protestante de Montauban en juillet 1896, signale et accepte cette hypothèse que j’ai émise pour la première fois dans la Revue philosophique, janvier 1896.