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de l’époque. Un grand portrait de Schopenhauer orne l’austère ameublement de cette pièce.

La bibliothèque du comte est très riche ; elle renferme des livres en sept ou huit langues que Tolstoï possède à merveille. Les rayons de cette bibliothèque marquent bien les étapes évolutives de la pensée du moraliste russe : les classiques, les philosophes du xviiie siècle, les poètes et les romanciers furent remplacés par Karl Marx, Darwin, Herbert Spencer, qui ont cédé, à leur tour, la place à la Bible, à l’Évangile, avec leurs nombreux commentaires.

La bibliothèque est éclairée par une grande fenêtre d’où l’on voit souvent Tolstoï moissonner en compagnie des moujiks… D’un mouvement lent, ils font aller et venir la faux, et les blés roux s’abattent sous les larges lames courbées qui jettent des éclairs blancs. Sous la flambée du soleil, le champ déroule un océan de longs épis penchés et immobiles dans l’air pesant. Et, dans ce grand calme, la nature semble satisfaite de sa production laborieuse…