Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/89

Cette page n’a pas encore été corrigée

entre sa conscience réfléchie et sa conscience animale. C’est ce rapport qui fait naître l’homme à la vraie vie humaine. Il arrive alors quelque chose d’analogue à ce quia lieu à chaque naissance dans le monde matériel. Le fruit naît, non point parce qu’il veut naître, parce que cela lui plaît, ou bien qu’il sait qu’il est bon de naître, mais parce qu’il est parvenu à sa maturité et qu’il ne peut plus continuer son existence d’autrefois ; il doit suivre le cours de sa vie nouvelle, non point que cette vie l’appelle, mais parce que son existence précédente est devenue impossible. Nous n’apercevons ni le développement de la conscience réfléchie, ni son évolution, parce que c’est nous qui l’accomplissons nous-mêmes. Cette conscience réfléchie, c’est la raison qui ne peut être définie, mais que nous connaissons tous, car elle est la base unique qui unit tous les êtres vivants. La raison est la loi qui régit la vie des hommes. Ce n’est que dans l’accomplissement de la loi de la raison, c’est-à-dire dans la soumission de notre nature animale à la loi de la raison, en vue d’acquérir le bien, que consiste notre vraie vie, vie humaine.

Notre connaissance du monde découle de la conscience que nous avons de notre aspiration au bien et de la nécessité de soumettre notre nature animale à la raison, afin d’acquérir le bien. Nous arrivons à la connaissance de toutes choses, en rapportant sur les autres objets la connaissance que nous avons de nous-mêmes, c’est-à-dire l’idée que la vie est une aspiration à un bien que nous n’acquérons qu’en nous soumettant à la loi de la raison.