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qu’enseignent quelques esprits, dits supérieurs, et de pratiquer les cérémonies qu’ils prescrivent. »

Et à celui qui doute, voyant la fausseté de cette explication, ces esprits, dits supérieurs, répondent : « Tous les doutes sur le sens raisonnable de la vie sont des rêves creux. Nous analysons la vie des mondes, de la terre, de l’homme, de l’animal, de la plante ; nous recherchons leur origine et aussi ce qu’ils adviendront lorsque le soleil se refroidira, etc.

Nous pouvons montrer et prouver que tout a été et tout sera comme nous le disons. Mais de ta vie à toi, de ton aspiration au bien, nous ne pouvons rien te dire. Tu vis, tâche de vivre aussi bien que possible. » Et celui qui doute se dit : « Je ne suis pas le seul, tous ont vécu et vivent de la sorte, advienne que pourra ! » Et il continue à vivre, puisqu’il faut vivre ! Et cependant le doute chez les âmes conscientes, non seulement ne disparaît pas, mais augmente. Et cependant aussi, au fond du cœur, on sent le besoin irrésistible d’une vie heureuse et raisonnable.

Comment vivre ?

Vivre en vue de la vie future ?

Mais si cette vie, la vie présente doit être absurde, loin de nous confirmer dans la possibilité d’une autre vie raisonnable, cela prouve, au contraire, que la vie dans son essence est une absurdité. Vivre pour soi ?

Mais l’homme seul, isolé, en dehors des autres, n’est qu’un atome. La vie individuelle n’a pas de sens. Vivre pour sa famille ? Pour sa communauté ? Pour sa patrie, pour l’humanité ? Mais si la vie de