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êtes jeune, des changements se préparent, qui, espérons-le, finiront bien, et peut-être alors aurez-vous une carrière brillante. Votre récit la Coupe du bois rappelle, par sa forme, Tourguénev, mais là s’arrête la ressemblance, tout le reste est à vous, en propre, et vous seul pouviez l’écrire. Ne négligez pas les sujets semblables, notre littérature ne possède sur les soldats que des trivialités. Sous quelque forme que vous exprimiez ce que vous savez sur la vie militaire, ce sera toujours intéressant et utile. »

Tolstoï a mis à profit les conseils de Nekrassov en se mettant peu après à composer Guerre et Paix et Anna Karénine.

Le vrai héros de Guerre et Paix, cette œuvre colossale, cette épopée grandiose, est le peuple : armée, noblesse, classe dirigeante, classes gouvernées, crises intellectuelles, crises sociales, souffrances physiques, douleurs morales, caractères, volontés, foules, individus, tout y est présenté à travers la majestueuse originalité du génie de Tolstoï, avec sa merveilleuse fécondité d’artiste et de penseur. Il présente, conte, analyse, discute les plus grands événements de l’histoire, les plus grands problèmes de la pensée humaine. « Tout historien, tout romancier, tout dramaturge, par cela seul qu’il expose des événements dans un certain ordre et présente des personnages dans une certaine relation les uns avec les autres, a une philosophie de l’histoire et une méthode : une philosophie de l’histoire, c’est-à-dire une conception de la cause des événements humains, et une méthode, c’est-à-dire un procédé des documents qu’il a trouvés ou les faits qu’il a imaginés. Chez Tolstoï, cette philoso-