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Dès 1859, par conséquent avant la proclamation de l’émancipation, les classes éclairées, s’enthousiasmant à l’approche de cette grande réforme, se montraient avides de faire quelque chose pour ces malheureux moujiks, qu’on allait rendre libres. La question de l’éducation et de l’instruction populaires enflammait alors les esprits, et, à partir de 1861, on se mit à réaliser ces rêves, à introduire un peu de lumière dans les ténèbres où gisait la Russie.

Tosltoï partit donc pour Iasnaïa-Poliana, fonda une école modèle gratuite, où quarante enfants des deux sexes venaient s’instruire. Il devint en même temps juge de paix et fonda une revue pédagogique, sous le titre Iasnaïa-Poliana, dans laquelle il combattit les résultats amers, auxquels arrivait la civilisation européenne, qui, en somme, finit par exploiter le peuple au profit des classes privilégiées. Il fut l’un des premiers qui introduisit dans son école la lecture mécanique dans l’enseignement de la langue. On fonda à ce moment quarante écoles d’après l’école-modèle de Tolstoï. Cette école se développa librement par la seule vertu des principes établis par Tolstoï et ses élèves. L’élève avait toujours le droit de ne pas fréquenter l’école ; et, même en fréquentant l’école, de ne pas écouter le maître. Plus les enfants avançaient dans l’étude, plus renseignement s’étendait. L’école progressa normalement, librement, sans aucune violence. Le soir on y enseignait le chant. Une fois, un élève, âgé à peine de douze ans, posa à Tolstoï la question suivante