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étrange, impénétrable, mais un vrai et un bon camarade, une âme rare et honnête : il est absolument impossible de l’oublier[1]. »

Malgré sa vie militaire, très active, Tolstoï n’abandonna pas sa plume. C’est pendant la guerre qu’il écrivît Adolescence y Souvenirs de Sébastopol, Coupe du bois, Invasion des Cosaques,

Les Souvenirs de Sébastopol plurent beaucoup à l’empereur Nikolaï Ier, qui ordonna de « prendre soin du jeune écrivain et de le mettre loin du, feu[2] ».

Le 27 août 1855, Tolstoï prit part à l’assaut de Sébastopol, après lequel il fut envoyé comme courrier à Saint-Pétersbourg.

III

Le jeune héros de Sébastopol, riche, titré, fut reçu dans les meilleurs salons de la capitale. Il se lia avec les écrivains de l’époque qui le reçurent comme

  1. Istoritschesky Viestnik (le Messager historique), novembre 1890.
  2. Pour être juste, il faut dire que ce n’était pas la première fois que Nikolaï Ier prenait soin des écrivains de son empire. Ainsi, le poète Pouchkine était absent quand éclata l’émeute révolutionnaire du 14 décembre… Après l’avoir fait revenir de l’exil, Nikolaï Ier lui posa cette question : « Dis-moi franchement, Pouchkine, si le 14 décembre tu avais été à Saint-Pétersbourg, aurais-tu pris part à l’émeute ? — Assurément, sire, » répondit le poète.

    Cette franchise plut à l’empereur, et, quand le poète lui promit de ne plus s’occuper de politique, il lui accorda foi entière. L’empereur accorda la même protection à Gogol, dont la célèbre comédie le Reviseur fut interdite par la censure et autorisée à être mise en scène par l’empereur.