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d’affirmer les sentiments naturels de l’homme et d’y établir une sorte d’unité morale, capable de gouverner la vie individuelle et la vie sociale. Cet enseignement est nécessaire à tous les hommes, même au petit nombre d’élite, c’est-à-dire à ceux qui sont capables d’analyser par eux-mêmes les problèmes moraux. La religion ne peut pas ôter à l’humanité pensante ses exigences intellectuelles. Au contraire, la religion crée des raisonnements qui ont toujours besoin du contrôle de la pensée. Dans le domaine des idées morales, la pensée dépend de la Volonté qui aspire au Bien dont elle demande à l’esprit la vraie définition. Grâce à notre nature morale, nous voulons vivre conformément au Bien et nous cherchons à connaître ses principes. En même temps, nous éprouvons le besoin du Savoir, en général, c’est-à-dire le besoin de chercher la Vérité pour elle-même. Notre conscience approuve cette seconde volonté, c’est-à-dire la recherche de la vérité pour la vérité, et, de telle sorte, s’établit l’union entre le Bien et la Vérité, Sans cette union, la conception du vrai Bien — base de toute morale — n’aurait pas de raison d’être. La morale cependant ne doit pas dépendre des élans subjectifs des moralistes, elle doit être fondée sur des données scientifiques. Les élans de l’âme, même nobles et grands, ne créent pas et ne remplacent pas la science, par conséquent ne forment pas une méthode scientifique. Il reste à souhaiter que la fodans la morale, dans l’Idéal, ne soit pas une persuasion aveugle, mais qu’elle soit assise sur les lois de développement et sur les faits sociaux capables de nous mener à leur réalisation et au bonheur.