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de la nation se reflète plus nettement dans la famille, cette petite cellule sociale, que dans les institutions politiques.

Seul l’amour maternel est capable d’élever les hommes vers l’amour humanitaire. L’amour maternel perce la nuit des souffrances, comme la cime d’un glacier émerge tout à coup des ténèbres aux premiers rayons du jour.

C’est également à tort que l’on considère Tolstoï comme un anti-féministe. Certes, il ne parle nulle part des droits politiques de la femme, mais les accorde-t-il à l’homme ? Les seules lois qui gouvernent la vie sont, pour Tolstoï, le travail et l’amour. Or, la place qu’il y accorde à la femme est égale, sinon supérieure, à celle de l’homme.

C’est à la femme, à la mère, qu’il laisse le soin d’éducation des enfants. « Si seulement les femmes comprenaient leur mission, leur force, et l’employaient au salut de leurs époux, de leurs frères, de leurs enfants, au salut de tous les hommes ! »

Quelle haute conception de la mission de la mère ! Seule, dit Tolstoï, une mère qui regardera l’enfantement comme un accident désagréable, et trouvera dans ses plaisirs d’amour, dans les commodités, dans les relations mondaines, le sens de la vie, celle-là seule élèvera ses enfants de manière qu’ils aient tous les plaisirs possibles : elle les nourrira délicatement, leur enseignera, non point ce qui les rendra capables de sacrifice, de travail et d’énergie, mais ce qui les affranchira de tout cela.

Seule, une femme ayant perdu le sens de sa vie, prendra part à ce faux travail de l’homme, dans