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par la violence, les nouvelles formes de la vie ne s’établiront pas. Personne ne peut accomplir les commandements de la loi extérieure lorsqu’ils ne sont pas d*accord avec la loi de l’amour.

Il suffirait à l’homme de s’assimiler la conception de la non-résistance au mal pourvoir tomber d’elles-mêmes les chaînes qui lui semblent si fortes, et pour se sentir tout à coup complètement libre, comme l’oiseau qui prend son vol pour la première fois. Toute violence, la guerre, le brigandage, les exécutions, s’accomplissent non pas par les forces inconscientes de la nature, mais par des hommes aveugles et privés de la connaissance de la vérité.

Et plus il y a d’hommes qui se pénètrent de la nouvelle vérité, plus elle provoque de confiance chez les hommes d’une culture inférieure. Toute vérité nouvelle qui change les mœurs et qui fait marcher l’humanité en avant n’est acceptée tout d’abord que par un petit nombre d’hommes qui ont parfaitement conscience de cette vérité. Les autres, les hommes d’une culture inférieure, l’acceptent d’un seul coup par la seule confiance qu’ils ont en ceux qui l’ont acceptée avant eux et l’appliquent à la vie.

La marche en avant de l’humanité s’accomplit non parce que les oppresseurs deviennent meilleurs, mais parce que les hommes s’assimilent chaque jour davantage la vraie conception de la vie. Non seulement les individus isolés, mais des groupes d’hommes, des peuples entiers accomplissent la même évolution. Il nous semble que les exigences de la fraternité universelle, la suppression des nationalités, la suppression de la propriété, le précepte si