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suite, son emprisonement devient inutile. Quel mal immense doit résulter et résulte en réalité du droit reconnu aux hommes de prévenir les méfaits qui pourraient arriver ! Depuis l’Inquisition jusqu’aux bombes à dynamite, les exécutions et les tortures de dizaines de milliers de criminels, dits politiques, sont, quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, basées sur ce raisonnement.

Si tous les hommes observaient le commandement de la non-résistance, il n’y aurait plus ni offense ni crime. Si seulement ils étaient la majorité, ils établiraient bien vite le pouvoir de l’amour même sur les offenseurs sans jamais employer la violence. S’ils n’étaient qu’une minorité importante, ils exerceraient une telle action moralisatrice sur l’humanité que la violence et la haine feraient place à la paix et à l’amour.

L’histoire de l’humanité est remplie de preuves que la violence physique ne contribue pas au relèvement moral et que les mauvais penchants de l’homme ne peuvent être corrigés que par l’amour. Le mal ne peut disparaître que par le bien. La véritable force de l’homme est dans la bonté. L’idéal est de ne jamais employer la violence dans aucun but.


VI

Un sauvage quelconque a toujours quelque chose de sacré pour lequel il est prêt à souffrir. Où donc est ce quelque chose de sacré pour l’homme moderne ? On lui dit : « Tu vas être mon esclave et cette