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humaine. Quand l’homme cessera de croire à la propriété imaginaire, alors seulement il cultivera sa vraie propriété, ses facultés, son corps, son esprit, de telle manière qu’ils lui donneront des fruits au centuple et un bonheur dont il n’a pas l’idée ; seulement alors il deviendra un homme utile et bon ; partout, pour tous, toujours, il sera un frère.

IV

Tout le mal de notre vie semble exister seulement parce qu’il existe depuis longtemps et parce que les hommes qui le commettent n’ont pas pu apprendre encore à ne plus le faire, car en réalité ils ne veulent pas le faire.

Tout le mal semble avoir une cause indépendante de la conscience des hommes. Si étrange et si contradictoire que cela puisse paraître, tous les hommes de notre époque détestent ce même régime qu’ils soutiennent. Les hommes se mettent eux-mêmes sous le joug : ils en souffrent, mais ils croient que cela doit être ainsi, et que cela n’empêche pas l’affranchissement de l’humanité qui se prépare quelque part on ne sait comment et malgré l’oppression toujours grandissante. Il suffit de comparer seulement la pratique avec la théorie pour s’effrayer devant la contradiction flagrante des conditions de notre existence et de notre conscience. Notre vie est en contradiction constante avec tout ce que nous savons et tout ce que nous considérons comme nécessaire et obligatoire. Cette contradiction est dans tout, et dan