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manente et de la fausse religion, dite chrétienne, pour que l’homme désespère, doute de la raison humaine et renonce à la vie dans ce monde insensé et barbare. Il suffit d’en avoir nettement conscience pour en devenir fou ou se suicider. Et c’est ce qui arrive. Ce n’est que par cela qu’on peut expliquer l’intensité terrible avec laquelle l’homme moderne cherche à s’abrutir par le vin, le tabac, l’opium, le jeu, etc… S’il n’y avait pas de moyen extérieur d’abrutissement, la moitié du genre humain se brûlerait la cervelle immédiatement, car vivre en contradiction avec sa raison est la situation la plus intolérable.

II

Notre société est divisée en deux classes distinctes : riches et pauvres ; travailleuse et oisive. Les riches, privilégiés de la fortune, sont montés sur le dos des pauvres, qu’ils écrasent ; ils les obligent de les porter et, sans les lâcher, leur disent qu’ils les plaignent beaucoup, qu’ils n’ont qu’un seul désir : d’améliorer leur situation par tous, les moyens possibles, et cependant ils continuent à rester sur leur dos. Pour mieux les asservir ils établissent des gouvernements qui cachent aux peuples les moyens de s’affranchir et qui constituent des forces armées pour maintenir l’ordre des choses établies. Pour les consoler de leurs misères et de leur servitude, les riches, les forts, établissent des lois, inventent des superstitions religieuses, patriotiques, etc., — tout basé sur la violence.