Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/121

Cette page n’a pas encore été corrigée

aimons simplement les étrangers, les Français, les Allemands, les Anglais, nous qui estimons leurs qua-lités, qui sommes heureux de les rencontrer, qui les accueillons avec plaisir, nous qui ne pouvons même pas penser sans terreur qu’un désaccord, qu’une guerre éclate entre eux et nous, nous sommes tous appelés à participer à des tueries affreuses et abominables.

On comprend que les Grecs, les Romains aient défendu leur indépendance par l’assassinat et par l’assassinat soumis les autres peuples ; chacun d’eux croyait fermement être le seul peuple élu, bon, aimé de Dieu, tandis que les autres n’étaient que des barbares.

Les hommes du moyen âge, et même ceux de la fin du siècle dernier et du commencement de celui-ci, pourraient encore avoir la même croyance. Mais nous, malgré toutes les excitations, nous ne pouvons ravoir » Et cette contradiction est si terrible à notre époque, qu’il nous est impossible de vivre sans y trouver une solution.

On s’étonne de ce que 60,000 suicides se produisent par an en Europe et ce chiffre contient seulement les cas connus, et la Russie et la Turquie exceptées.

Il faudrait au contraire s’étonner qu’il y en ait si peu. Tout homme de notre époque, si on pénètre la contradiction entre sa conscience et sa vie, se trouve dans la situation la plus cruelle. Sans parler de toutes les autres.contradictions entre la vie réelle et la conscience qui remplissent l’existence de l’homme moderne, il suffirait de cet état de paix armée per-