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parle jamais qu’au nom de la science et de la raison et « qui a été l’un des premiers Pères de l’Église[1] » Dans son traité Liberté du sage, « adressé à la jeunesse de tous les pays », Philon le Juif exprime clairement ce précepte : « Il faut aimer tous les hommes. » Nous le retrouvons chez Isaïe que Renan considère avec raison comme le premier fondateur du christianisme, vers l’an 725 avant Jésus. En introduisant dans le monde Israélite l’idée d’une religion morale, ridée de la justice, Isaïe a précédé Jésus de sept siècles. Isaïe disait : « Les sacrifices sont inutiles. Comment pouvez-vous avoir une idée assez basse de la Divinité pour ne pas comprendre qu’elle ne prend aucun plaisir aux mauvaises odeurs de graisse brûlée ? Soyez justes ; adorez Dieu avec des mains pures ; c’est le seul culte qu’il réclame de vous. »

La religion devient de la sorte quelque chose de moral, d’universel ; elle se pénètre de l’idée de justice, de pureté.

« Les tribuns de cette religion deviennent d’autant plus âpres qu’ils n’ont pas la conception d’une vie future pour se consoler et que c’est ici-bas, d’après eux, que la justice doit régner. Voilà une apparition unique dans le monde, celle de la religion pure ; quand on proclame une telle religion, on n’est plus dans les limites d’une nationalité, on est en pleine conscience humaine, au sens le plus large[2]. »

La morale de l’Évangile n’est pas différente de celle que présente le Talmud ; c’est la même que

  1. Havet. Le christianisme et ses origines, t. III.
  2. Renan. Le judaïsme, comme race et comme religion, p. 8.