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opposée à la doctrine de Jésus. Ce n’est pas sans raison que Voltaire l’a appelée l’Infâme. Ce n*est pas sans motif que l’histoire de l’Église est l’histoire des plus grandes cruautés et des pires horreurs. Non seulement il n’y a rien de commun entre les Églises et le christianisme, sauf le nom, mais leurs principes sont absolument opposés et hostiles. Les unes représentent la violence, la sanction arbitraire, la mort ; l’autre — la pitié, la bonté, l’union, l’amour, le mouvement de la vie. Non seulement les Églises n’ont jamais uni personne, mais elles ont toujours été une des causes principales du désaccord entre les hommes, de la haine, des guerres, des discordes, des inquisitions des Saint-Barthélémy, etc…, et jamais les Églises n’ont servi d’intermédiaire entre les hommes, elles n’ont jamais enseigné l’Union et l’Amour.

L’Église chrétienne a inventé la légende de la divinité de Jésus pour aveugler les peuples qu’elle voulait asservir, dont elle voulait accaparer les biens.

Tolstoï refuse de reconnaître cette divinité. Il considère Jésus comme un grand homme dont la doctrine n’est grande que parce qu’elle exprime d’une façon claire et compréhensible ce que d’autres ont exprimé d’une façon parfois obscure. La grandeur de Jésus est faite par la simplicité irrépréhensible de sa manière de vivre, d’où résulte tout son enseignement.

Selon Tolstoï, Jésus comprenait sa doctrine non pas comme l’idéal de l’humanité dans un vague lointain, idéal dont la pratique est impossible, non pas comme un ensemble de rêveries fantastiques ou poétiques, avec lesquelles il charmait les naïfs habitants de la Galilée ; sa doctrine consistait pour lui en