Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/104

Cette page n’a pas encore été corrigée

étrange. Elle niait non seulement toutes les divinités, mais aussi toutes les institutions humaines et leur nécessité. À la place de toutes les règles des anciennes croyances, cette doctrine ne donnait que celle de perfection intérieure, de vérité et d’amour, et, comme conséquence de cette perfection intérieure, la perfection extérieure : le royaume de la Paix, où tous les hommes ne sachant plus haïr seront unis par l’amour. Au lieu de menaces de châtiment pour l’infraction des règles données par les anciennes lois religieuses ou civiles, au lieu de l’attrait des récompenses pour leur observance, cette doctrine n’appelait à elle que parce qu’elle était la Vérité.

On n’a mis en avant aucune autre preuve de la doctrine que la vérité, l’accord de la doctrine avec la vérité. Toute la doctrine consistait dans la recherche de la vérité et son observance, dans la réalisation de plus en plus grande de la vérité et dans le désir de s’en rapprocher de plus en plus dans la vie pratique. Suivant cette doctrine, ce n’est pas par des pratiques que l’homme devient un juste. Les cœurs s’élèvent à la perfection intérieure et à la perfection extérieure par la réalisation du royaume de l’Amour Universel. L’accomplissement de là doctrine n’est que dans la marche sur la voie indiquée, dans la recherche de ces perfections.

Le bonheur plus ou moins grand de l’homme dépend, d’après cette doctrine, non pas du degré de perfection qu’il pourrait atteindre, mais de sa marche plus ou moins rapide vers cette perfection. L’accomplissement de la doctrine ne consiste que dans la marche incessante vers la possession de la vérité de