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traduit en hébreu : haïée-oïlom, Oïlom veut dire l’infini ; oïlom veut dire aussi monde, « cosmos ». La vie universelle et à plus forte raison la vie éternelle, haîée-oîlom, est, selon la doctrine judaïque et admise par Jésus, la propriété de Dieu seul, c’est-à-dire de l’idéal. L’homme, selon l’idée hébraïque, est toujours mortel. Dieu, c’est-à-dire l’Idéal, est toujours vivant. Selon la doctrine judaïque, l’homme en tant qu’homme est mortel. Il a la vie, dans ce sens qu’elle passe d’une génération à une autre, et se perpétue dans un peuple. Les paroles : « Vous vivrez et ne mourrez point », s’adressent au peuple.


IV


La divinité de Jésus est aux yeux de Tolstoï une pure superstition. Voici comment il envisage la légende de Jésus et la formation du christianisme : Il y a dix-huit cents ans, en Judée, un pauvre juif, sans culture, nommé Jésus, disait certaines choses. Il fut persécuté, pendu, et puis le monde entier l’oublia comme il a oublié des milliers de cas analogues, et durant deux siècles on n’en entendit point parler. Et cependant il paraît que quelqu’un avait gardé le souvenir des paroles de cet homme et les avait répétées à un second et à un troisième, et les paroles de cet homme se sont propagées sans cesse, exerçant une influence sur des milliards d’hommes, des sages et des fous, des savants et des ignorants.

Au milieu des règles religieuses du monde juif et de la législation romaine, la doctrine de Jésus parut