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commentaires sur la grammaire esperanto

— Je n’espère pas qu’il vienne aujourd’hui. Mi ne esperas, ke li venos hodiaŭ (qu’il viendra). — Espérez-vous encore qu’il vienne ? Ĉu vi esperas ankoraŭ, ke li venos ? (qu’il viendra). — Elle ne pense pas qu’on doive lui pardonner (à lui). Ŝi ne pensas, ke oni devas pardoni al li (qu’on doit). — N’estimez-vous pas qu’il a été justement récompensé ? Ĉu vi ne opinias, ke li estas juste rekompencita ? (qu’il a été).

Pourquoi la forme négative ou interrogative de ces phrases et de toutes les analogues oblige-t-elle à employer, le subjonctif en français ? Nous ne nous chargeons pas de le dire. Car, remarquez-le, cette forme n’y a aucune action sur la réalité du fait énoncé dans la seconde proposition. Par ailleurs, le doute n’est-il pas assez rendu par « je ne crois pas » ou « croyez-vous ? » Si le subjonctif est nécessaire dans ces sortes de phrases, pourquoi ne disons-nous pas : « Je demande s’il pleuve » ? Là aussi il y a un doute dans mon esprit et j’interroge pour l’éclaircir..

Que les grammairiens épuisent encre et salive, jamais ils ne feront comprendre pourquoi, après avoir dit : je crois qu’il pleut, il faut dire : je ne crois pas qu’il pleuve, sous peine de n’être pas correct. Aussi, les trois quarts des gens se chargent-ils de donner gain de cause au bon sens, en faisant carrément la faute, sans se soucier autrement des prescriptions de la grammaire.

Quoi qu’il en soit, langue rationnelle, l’Esperanto n’a pas à imiter de tels errements.

Que la phrase se présente sous forme positive, négative ou interrogative, qu’il y ait ou non devant le verbe la conjonction quoique, ou telle autre amenant le subjonctif en français, peu lui importe ; c’est toujours l’indicatif qu’il emploiera, et non le subjonctif, si le fait est présenté comme certain.