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lérer le travail de la monnaie, et elle s’y frappe avec une promptitude surprenante.

L’arrivée de ces flottes rend le commerce de Rio-Janeiro très florissant, principalement la flotte de Lisbonne. Celle de Porto est chargée seulement de vins, eaux-de-vie, vinaigres, denrées de bouche, et de quelques toiles grossières fabriquées dans cette ville ou aux environs. Aussitôt après l’arrivée des flottes, toutes les marchandises qu’elles apportent sont conduites à la douane, où elles paient au roi dix pour cent. Observez qu’aujourd’hui, la communication de la colonie du Saint-Sacrement avec Buenos-Ayres étant sévèrement interceptée, ces droits doivent éprouver une diminution considérable. Presque toutes les plus précieuses marchandises étaient envoyées de Rio-Janeiro à la colonie, d’où elles passaient en contrebande par Buenos-Ayres au Chili et au Pérou ; et ce commerce frauduleux valait tous les ans aux Portugais plus d’un million et demi de piastres. En un mot, les mines du Brésil ne produisent pas d’argent ; tout celui que les Portugais possèdent provient de cette contrebande. La traite des nègres leur était encore un objet immense de trafic. On ne saurait évaluer à combien monte la perte que leur occasionne la suppression presque entière de cette branche de contrebande. Elle occupait seule au moins trente embarcations pour le cabotage de la côte du Brésil à la Plata.